dimanche 14 décembre 2008

Le poids de la crise

Je n'ai pas publié de post depuis plusieurs semaines. Elles ont été plutôt lourdes aussi bien au niveau charge de travail qu'au niveau stress.

Que s'est il passé depuis le 24 novembre ?

J'ai de bonnes et de moins bonnes nouvelles...

Tout d'abord, avant de vous annoncer ces nouvelles, je dois vous dire que je suis allé présenter le dossier à 3 autres banques. Au total, j'aurais vu 6 établissements financiers. A raison de 2 bonnes heures par présentation, cela a été du sport !

J'ai donc été reçu par différents intervenants, plus ou moins attentifs à mon discours.

J'ai donné à chaque banquier le même dossier de présentation (un dossier de reprise avec une partie me présentant, une autre présentant la société cible, une étude de marché, un plan de développement court et long terme de la société; le business plan de la société reprise; le business plan du holding de reprise; et enfin les liasses fiscales sur les 3 dernières années de la société reprise) et j'ai été atterré d'avoir un appel téléphonique 2 jours après mon intervention de la part de 2 banquiers me posant la question : "avez vous une estimation du portefeuille de commande de la société ?".
Or, c'est un point crucial de la reprise, et qui a été largement abordé lors de chaque entretien (la société a plus d'1 an de CA en commande ferme ce qui est une belle garantie de qualité et de solidité compte tenu de la crise qui secoue le milieu du bâtiment depuis le début de l'année !!!) mais aussi dans le dossier de reprise.

Cette question veut donc dire que le banquier n'a été que peu attentif à mon discours et, surtout, qu'il n'a pas relu les documents que je lui ai laissés. Compte tenu des sommes empruntées, je trouve cela un peu léger !!

Revenons maintenant à la bonne et aux mauvaises nouvelles !

Commençons par la bonne, histoire de se mettre un peu de baume au coeur. La banque du cédant a définitivement validé son accompagnement pour cette reprise. La commission de crédit a donné son aval. Les taux proposés ont même été revus à la baisse depuis les premiers entretiens (la BCE a baissé entre temps son taux directeur de 0,75%) et les garanties demandées ne sont pas excessives. C'était d'ailleurs un point qui m'effrayait un peu compte tenu des sommes financées.

C'est donc une excellente nouvelle.

Passons maintenant aux mauvaises. Oui au pluriel car elles sont nombreuses !

La première est un refus catégorique d'une des banques. Motif : le secteur du bâtiment est trop sinistré...

La seconde est un accord très partiel d'une autre banque, avec des garanties sans communes mesures avec l'emprunt concédé et à des taux bien au-delà de ce qui se pratique à l'heure actuelle ! Le risque qu'accepte de prendre la banque est extrêmement faible (environ 15% de la somme). En revanche, elle m'ouvre une large ligne d'escompte client (le taux reste encore à définir). Message subliminal de la banque : j'ai peur de vous accompagner dans cette reprise, mais je veux bien vous suivre sur une toute, toute petite partie de la dette si je ne prends aucun risque, et lorsque votre projet aura abouti, revenez me voir avec vos créances clients, je vous les financerai et cela me permettra de gagner un peu d'argent...

Je suis un peu amer, mais le ressenti est exactement celui là. Partageriez vous le même sentiment que moi si en plus je vous disais que cette banque fait partie des 2 qui m'a rappelé pour savoir si j'avais connaissance du portefeuille de commande de la société ?

Et jamais 2 sans 3... J'ai eu cette fin de semaine passée une autre réponse de banque. Elle est d'accord pour m'accompagner sur 50% de la dette totale. Jusque là, c'est plutôt une bonne nouvelle allez vous me dire. Oui c'est vrai, sauf que les conditions demandées sont absolument inacceptables !

Elles sont :
- mettre dans le capital du holding 50% de mon apport et bloquer le reste en compte courant d'associé. Une telle somme en capital social du holding n'a pas de justification, car elle n'aura aucun autre rôle que celui de racheter les parts de la cible... Pas de production, pas de vente... Le blocage des CCA auraient largement suffit.
- pas de nouvel emprunt pendant les 7 ans du remboursement de la dette. Cela veut donc dire pas de développement de la société !! Intolérable !!
- pas de distribution de dividendes durant les 7 ans du prêt... Je n'avais pas prévu de dividendes pour le moment, mais bloquer cette possibilité me semble trop contraignante, surtout sur une durée aussi longue.
- des ratios financiers de fonctionnement hyper contraignants, et surtout, qui ne sont même pas atteints en prenant en compte les données des business plans !!
- des assurances tout autour du ventre : assurances décès, assurances invalidité, assurance homme clé sur ma tête mais également sur la tête du numéro 2 de la société.
- des taux bien au-delà de ce qui se pratique.
- je m'arrête là car croyez moi, il y en a encore !!

Bref, la réponse que cette banque me donne est positive, mais c'est moi qui vais être obligé de refuser ! Je ne donne pas le nom de cette banque, mais elle fait partie des quelques unes qui se paient des campagnes publicitaires pléthoriques assurant qu'elle n'a jamais autant accompagné de société depuis la crise...

Cette réponse m'a particulièrement mis en colère car l'entretien s'était très bien déroulé, et les 2 personnes m'ayant reçu m'avaient confirmé qu'elles souhaitaient vivement m'accompagner car la cible leur semblait très intéressante, solide et qualitative. Je me demande quelle proposition elles m'auraient fait si l'affaire ne les avaient pas intéressé !

Je reste malgré tout positif : j'attends encore 2 réponses de banque. L'entretien avec l'une d'entre elle s'est très bien déroulé (finalement je devrais peut être me méfier compte tenu de l'expérience précédente ??!!?).

Voilà en résumé mes déboires de ces derniers jours.

Je suis ces 2 prochains jours à Paris pour la dernière session de ma formation à la finance d'entreprise : les montages financiers de haut de bilan.

A bientôt !

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